Sur quoi reposent nos certitudes ? J'avais eu l'occasion d'évoquer dans ce blog le doute qui m'étreint : "la lutte des classes est-elle soluble dans un coefficient ?"
Or, il se trouve que la grande quête académique de la pureté scientifique en matière d'économie s'est récemment vue écornée sur un sujet essentiel pour nos politiques économiques. Plus grave, ce qui vient d'être révélé en ces temps de mise en cause de la parole publique, est le fondement erronée de cette même parole publique dès lors qu'elle s'appuie sur une objectivité mal établie.
Un jeune chercheur vient, semble-t-il, d'en faire la démonstration.
Quelle était cette doxa sur laquelle se sont appuyés les adeptes européens et internationaux de l'austérité ? La dette publique a un impact limité sur le taux de croissance, tant que celle-ci ne dépasse pas 90% du PIB. A partir de ce seuil, elle engendre une récession de 0,1 %. Croix de bois, croix de fer, si je mens, j'irais en enfer.
On le sait. L'enfer est peuplé de bonnes intentions. Et ça se confirme ! La foi inébranlable dans la science historique de l'analyse des cycles longs n'a pas résisté, semble-t-il, à l'épreuve de la simple révision d'un tableur excel.
La réalité serait en effet radicalement inverse. Au lieu d'une récession, le modèle prédirait plutôt une croissance de 2,2 %.
La parole est à la défense. On la pressent fragile.
Il se trouve que nombre d'économistes de tous rangs, au premier desquels Paul Krugman, ne sont pas convaincus par sa plaidoirie. Est-ce à dire que ce petit déchirement du voile d'ignorance laisserait percevoir un coin de ciel printanier dans l'horizon de nos prospectivistes induits en erreur ?
Il reste à espérer que nos experts européens, et en premier lieu nos commissaires, commencent à verser un peu d'eau dans le vin de leurs referentiels macro économiques et ne plus utiliser cette étude pour trouver un ratio de dette optimal.