Entre la course à l'échalote médiatique et le concours Lépine de la déclaration de patrimoine la plus rapide du moment, sans oublier les dérapages verbaux de la droite, Nicolas Demorand est venu contribuer à sa manière aux détestables effets de l'affaire Cahuzac.
Il aurait en effet déclaré que la rumeur de détention d'un compte à l'étranger de Laurent Fabius "était un fait politique majeur" qui méritait la une de Libération. Cette déclaration n'est pas anecdotique de la part d'un journaliste dont j'ai pu apprécier la plume et la voix. Doit on considérer qu'une rumeur ait la valeur d'un fait ? Ce dérapage est symptomatique d'un moment qui n'épargne personne et semble altérer la lucidité. Je pense vraiment que les signes d'une régression démocratique des esprits s'accumulent.
Alors même que la République, avec les décisions et les comportements de son Président, n'avait jamais été aussi loin, notamment dans le respect du droit et de la justice, le paradoxe semble avoir raison de l'objectivité.
En ces heures particulières, chacun y va de son commentaire au moindre micro tendu. Les uns pour rentrer dans l'Histoire. D'autres pour mieux laver l'affront de l'indicible Cahuzac. Ce faisant, le climat s'installe dans un hiver démocratique qui n'en finit pas. On scrute désespérement l'hirondelle annonciatrice tandis que les rangs de l'UMP croassent tels un ban de corbeaux.
Alors il faut tenir bon. Et pour tenir bon, comme en matière de prévention, c'est le principe d'action qui doit guider. Le gouvernement a raison. La crédibilité de l'engagement public, j'en conviens, ne sera pas miraculeusement guérie d'un simple électrochoc tant il est vrai qu'il s'agit plutôt de reconstruire scrupuleusement une parole publique qui n'avait pas besoin de Cahuzac pour être déjà fragile. Cette reconstruction va réclamer des preuves sur tous les terrains de l'action, et pas seulement celui de la moralisation. Dans le contexte économique et social actuel, face aux tentatives de radicalisation de droite comme de gauche, certains jouent l'atmosphère d'une conjonction exacerbée. Sont-ils bien sûrs d'en maitriser l'issue et la pureté ?
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