Comme il l'a indiqué lors de ce dernier conseil municipal de la mandature, le candidat de l'UMP exerce en effet dans l'opposition "le ministère de la parole". En cette période de campagne où il est aussi candidat, je ne peux que confirmer cette constance tout en lui reconnaissant cette qualité distinctive : Les mots.
Souvent, les mots suffisent à instiller, semer,
titiller, soupçonner, installer le doute afin que toujours il en reste
quelque chose. Ce quelque chose d'indéfinissable qui trouble la
perception sans s'adresser à la compréhension. Un zeste de suspicion, deux tranches de velleité, trois doigts d'agitation et le tour est joué. Miraculeuse potion que celle des colporteurs d'incantations.
Les mots traduisent si souvent l'illusion d'agir. Ils ne fondent malheureusement pas une politique. Je l'ai déjà évoqué avec l'exemple de la troisième ligne de métro. Autre exemple, la tranquillité publique. Il suffit d'embaucher 150 policiers municipaux, installer des caméras, prendre des arrêtés anti-prostitution, ne plus vacciner les chiens... et j'en passe car je suis certain que d'autres propositions vont venir. Ce n'est plus "la ville intelligente". C'est la ville digicodée...
Ah, si des arrêtés anti-saleté, anti-nuisances, anti-drogue, anti-misère, anti-chômage, et pourquoi pas anticyclone pour les beaux jours pouvaient suffire à régler tous les maux et promettre la ville rêvée des anges ! La ville de Nice en sait quelque chose : Record du nombre de policiers municipaux, record d'arrêtés en tous genres, record du nombre de caméras, mais records aussi de faits de délinquance sur les personnes comme sur les biens.
Autre exemple ce jour dans la dépêche s'agissant des finances de la ville. Le candidat de l'UMP ne réaliserait pas d'emprunt de gestion courante. «C’est un état d’esprit» qui relève d’une exemplarité éthique, «avec des
finances bien gérées au mieux des intérêts des Toulousains», insiste Jean-Luc
Moudenc. Exemplarité éthique ? Je veux croire que ce sont des mots de journaliste et non ceux de notre opposant. Instillons, instillons, il en restera toujours quelque chose. Il y a d'ailleurs de quoi s'étrangler en lisant son souhait de "finances saines" qui en appellent à la maitrise des dépenses de fonctionnement alors que l'évolution fut en
moyenne de + 5,1 % entre 2004 et 2007 contre + 4,1% entre 2009 et 2012.
Savez-vous que 150 policiers municipaux représenteraient au minimum + 7 M€ de dépenses alors que les créations de postes, tous domaines confondus, entre le budget 2013 et 2014 ont réprésenté trois fois moins.
Pas d'emprunt de gestion courante, nous dit-il. Rappelons juste au lecteur assidu que ça tombe bien. La loi l'interdit. On ne peut financer que de l'investissement.Comment s'étonner que la dette serve à financer par exemple la construction de crèches ou la rénovation d'écoles ? A chacun sa conception de la gestion "de bon père de famille". Un "bon père de famille" sera toujours plus attentif à l'avenir des enfants qu'à remplir les commissariats ou les maisons d'arrêt. En tout état de cause, le toulousain aura compris ce qui a conduit leur ville à rénover dans l'urgence, faute d'avoir recouru hier à l'emprunt, plus de 170 écoles en cinq ans depuis 2008. Comment oser parler de "gestion courante" ces opérations de "chirurgie réparatrice" engagées faute d'avoir été évitées par une mèdecine préventive plus courageuse ? On pourrait d'ailleurs étendre cette image à bien d'autres chantiers urbains de cette ville.
Pour finir, j'attends toujours la réponse à une question maintes fois posée à Mr Moudenc. Une approche saine des finances nécessiterait en effet de la précision sur les domaines où doivent baisser les dépenses de personnel qu'il promet. Mais il est vrai que là, il sortirait des mots pour rentrer dans d'autres maux.
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