Par un communiqué dont la longueur est symptomatique de l'imbroglio créé par son obstination, le maire de Toulouse vient de confirmer le respect d'une promesse électorale faite à une quinzaine de riverains du quai St Pierre inquiets pour leur vue sur la Garonne et hostiles à la reconstruction de l'IEP. Je m'étais inquiété de son intention de refuser le permis de construire et de signer ainsi un acte de démantèlement du campus de centre ville lors du dernier conseil communautaire. La proposition qui émerge aujourd'hui écarte ce risque. Pour autant, elle ne relève pas d'une vision de l'intérêt public et d'une politique d'aménagement pensée du pôle d'enseignement supérieur de Toulouse. Cette solution à l'emporte pièce, soucieuse de l'urgence créée par des promesses intempestiveś, ne préfigure aucune solution de long terme pour science po. L'université, pour qui le coût du dédit sur le projet initial avoisine 1 million d'euro, construira des locaux sur le parking de la cité administrative et la communauté urbaine y participera à hauteur d'environ 2,5 millions d'euros. Voilà ce que coûtera au contribuable l'obstination électoraliste du maire-président qui nous rabâche par ailleurs ses inquiétudes sur l'état des finances locales.
2,5 millions d'euros de dégradation d'un équilibre budgétaire en manque d'épargne et souffrant d'endettement que le projet initial permettait d'éviter. Aux riverains qui s'inquiétaient, les voilà donc rassurés par l'effort des contribuables et la vision de long terme de l'intérêt général manifestée par le maire.
jeudi 17 juillet 2014
vendredi 4 juillet 2014
100 jours de néo-conservatisme
Par delà les clivages partisans qui marquent la spécificité de l'histoire politique française, il y a des matrices qui ne varient pas. Ce sont celles qui distinguent toujours le progressisme du conservatisme.
Les 100 premiers jours de la droite municipale à Toulouse en sont, me semble-t-il, une illustration.
On pourrait égréner ici des exemples concrets : le refus de la vaccination gratuite des chiens de SDF, la remise en cause du marché des précaires, un plan de recrutement dogmatique de policiers municipaux dont on avoue que la mission est de lutter davantage contre le sentiment d'insécurité que l'insécurité elle-même, l'annulation d'un équipement culturel emblématique et structurant (la maison de l'image) qui symbolisait une rupture avec les logiques de discrimination spatiale centre-périphérie, l'illusion de l'efficacité d'arrêtés "anti-prostitution" faisant croire dans son vocabulaire qu'un simple arrêté pourrait interdire ce que la loi autorise et qui ne pourra d'ailleurs aboutir qu'à déplacer le problème, le refus de satisfaire la contrainte légale d'instaurer une aire de grand passage en renvoyant la responsabilité sur d'autres communes, le refus de signer le permis de construire du nouvel IEP qui signe le démantèlement du campus de centre ville riche de ses étudiants et de ses chercheurs au nom de quelques riverains auxquels on a promis le statu quo ... Les exemples abondent.
Ils ont souvent pour point commun de cultiver le rejet de l'autre, le repli sur soi, sur son patrimoine individuel, la couleur de sa brique, son "village". Ils expriment si souvent ces crispations des temps de crise, alimentées de l'angoisse du présent et d'une peur de l'avenir, qu'ils ne peuvent s'apparenter qu'à une forme de résignation. Cette politique anxiogène n'a-t-elle pas pour effet que d'alimenter sa propre justification ? Ne relève-t-elle pas d'une forme de prophétie autoréalisatrice vers une société de la méfiance alimentant celle de la défiance.
Le viatique de la nouvelle municipalité est moins l'application pragmatique d'un programme électoral résultant d'une vision que le souci méthodique d'abonder la somme de ces crispations auquelles il fut promis du retour en arrière. Le sens de cette logique n'est pas de fonder une politique. Tout en étant conservatrice, elle n'est pas simplement de "conserver". Elle est au sens propre du terme "réactionnaire" par sa volonté de retour en arrière comme s'il s'agissait de retrouver un paradis originel, de renouer avec les politiques compassionnelles, de fournir l'opium du désenchantement.
Nous ne partageons pas la même vision de l'intérêt public ni de la société que nous voulons. Elle n'est pas celle du capharnaum ou d'un intérêt général aveugle et sourd. Mais elle n'est pas non plus celle d'un ordre factice, gérant à la petite semaine, et qui masque les désordres plus violents, cachés ou sous-jacents, actuels ou futurs, urbains ou sociaux. Les 100 premiers jours de la nouvelle municipalité ne sont décidément pas ceux d'une vision progressiste.
Les 100 premiers jours de la droite municipale à Toulouse en sont, me semble-t-il, une illustration.
On pourrait égréner ici des exemples concrets : le refus de la vaccination gratuite des chiens de SDF, la remise en cause du marché des précaires, un plan de recrutement dogmatique de policiers municipaux dont on avoue que la mission est de lutter davantage contre le sentiment d'insécurité que l'insécurité elle-même, l'annulation d'un équipement culturel emblématique et structurant (la maison de l'image) qui symbolisait une rupture avec les logiques de discrimination spatiale centre-périphérie, l'illusion de l'efficacité d'arrêtés "anti-prostitution" faisant croire dans son vocabulaire qu'un simple arrêté pourrait interdire ce que la loi autorise et qui ne pourra d'ailleurs aboutir qu'à déplacer le problème, le refus de satisfaire la contrainte légale d'instaurer une aire de grand passage en renvoyant la responsabilité sur d'autres communes, le refus de signer le permis de construire du nouvel IEP qui signe le démantèlement du campus de centre ville riche de ses étudiants et de ses chercheurs au nom de quelques riverains auxquels on a promis le statu quo ... Les exemples abondent.
Ils ont souvent pour point commun de cultiver le rejet de l'autre, le repli sur soi, sur son patrimoine individuel, la couleur de sa brique, son "village". Ils expriment si souvent ces crispations des temps de crise, alimentées de l'angoisse du présent et d'une peur de l'avenir, qu'ils ne peuvent s'apparenter qu'à une forme de résignation. Cette politique anxiogène n'a-t-elle pas pour effet que d'alimenter sa propre justification ? Ne relève-t-elle pas d'une forme de prophétie autoréalisatrice vers une société de la méfiance alimentant celle de la défiance.
Le viatique de la nouvelle municipalité est moins l'application pragmatique d'un programme électoral résultant d'une vision que le souci méthodique d'abonder la somme de ces crispations auquelles il fut promis du retour en arrière. Le sens de cette logique n'est pas de fonder une politique. Tout en étant conservatrice, elle n'est pas simplement de "conserver". Elle est au sens propre du terme "réactionnaire" par sa volonté de retour en arrière comme s'il s'agissait de retrouver un paradis originel, de renouer avec les politiques compassionnelles, de fournir l'opium du désenchantement.
Nous ne partageons pas la même vision de l'intérêt public ni de la société que nous voulons. Elle n'est pas celle du capharnaum ou d'un intérêt général aveugle et sourd. Mais elle n'est pas non plus celle d'un ordre factice, gérant à la petite semaine, et qui masque les désordres plus violents, cachés ou sous-jacents, actuels ou futurs, urbains ou sociaux. Les 100 premiers jours de la nouvelle municipalité ne sont décidément pas ceux d'une vision progressiste.
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