24h après, la douleur est toujours présente. Ce n'est pas un mauvais rêve ou un cauchemar, soluble dans le café du matin ou la quiétude des occupations quotidiennes. L'air s'est fait plus oppressant, l'ambiance plus pesante, les minutes de silence plus frustrantes, au point de sentir le besoin d'applaudir faute de crier colère.
Je remercie le maire de Toulouse des mots entendus lors d'une brève cérémonie d'hommage à Toulouse Métropole. Les mots furent justes. Comme ceux du Président de la République. Ils sont nécessaires. Même si l'indicible est souvent de mise devant l'inadmissible horreur. J'y souscris en les poursuivant. "Timbuktu" plutôt "qu'Insoumission". Mais aussi Kamel Daoud plutôt qu'Eric Zemmour.
Le temps va-t-il faire son inexorable travail de dissipation de la douleur des proches et d'inscription mémorielle de la Nation ?
Comment mettre à profit ce temps lorsque l'urgence demeure, la plaie ouverte, de répondre efficacement à la question : Que faire pour que plus jamais ça ?
Retrouver les assassins, bien sûr. Faire parler la justice, plus que tout. Ce week-end, partout en France, le peuple a donné rendez-vous à la Démocratie pour marcher ensemble. C'est essentiel.
Armés de l'émotion intime qui nous étreint, c'est avec la République que nous avons rendez-vous. Elle a besoin de la communion laïque nécessaire à l'accouchement d'une promesse d'agir plus fort, plus profond. Le ventre est encore fécond.
Depuis hier, mercredi 7 janvier 2015, la nouvelle année a du mal à frayer le chemin, entre nos lèvres, de la prononciation des vœux aux uns et aux autres. 12 personnes sont mortes assassinées. Parmi elles, Bernard Maris, un collègue, un compagnon de route, une époque, des moments de vie, bref un ami dont je garde en mémoire le souvenir de notre dernière rencontre.
La tolérance des hommes intelligents, la générosité des esprits libres, l'agilité anticonformiste du saltimbanque, la jouissance sans entraves du monde des idées.
Bernard était tout cela. Parfois agaçant, toujours attachant, souvent pertinent comme ici, en 1990, dans des propos d'une étonnante résonnance ou encore là, en 1995, pour illustrer les travaux de notre équipe de recherche dont il avait pris la direction.
Aujourd'hui, beaucoup d'entre nous se sentent orphelins de l'oncle qui les quitte. Puissent-ils être dignes, oncle Bernard, de l'impertinence nécessaire à la discipline que tu as enseignée.
(photo Let's Motiv-oct 2014)
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