La période qui s'ouvre est inaugurée par un double achèvement.
Celui d'un "état de grâce" voulant qu'après alternance politique, l'observation respectueuse de l'installation d'une nouvelle majorité soit de mise. Au bout d'un an, cette période d'observation s'est clôturée par la sanction de cette dernière lors du scrutin départemental. Les marqueurs identifiants de la droite municipale n'ont pas fonctionné. Les signaux envoyés à son électorat, imaginés conformes aux attentes post municipales, n'ont pas rempli leur fonction propulsive. L'arrivée de la droite au Capitole fut accompagnée de multiples promesses issues d'une addition démagogique de la demande. Cette démarche, tenant lieu de politique, atteint aujourd'hui ses premières limites dans tous nos quartiers.
L'autre achèvement concerne la gauche. La période de la rétro-vision va devoir céder le pas. Bien que nécessaire, la défense de son bilan local ne peut remplir la page d'une nouvelle promesse d'action. Elle peut même devenir un enfermement, lesté du poids de l'introspection permanente.
Une nouvelle période s'ouvre. Elle ne pourra se bâtir sur la seule fierté d'avoir agi hier comme il le fallait, procurant ainsi l'assurance d'une légitimité et la certitude de son souvenir dans l'esprit des toulousains.
Ce double achèvement est aujourd'hui couronné par la fin d'un feuilleton budgétaire qui débuta fin 2013, avec le programme dispendieux et démagogique de la droite, pour se terminer en avril 2015, par le prix d'une ponction sans précédent sur le pouvoir d'achat des toulousains.
La hausse brutale de 15 % des impôt à la ville et de 7,5 % à la métropole, quand on sait notamment que les bases fiscales sont les mêmes au Mirail qu'à Lardennes, à Ginestous qu'à Croix-Daurade, à Empalot qu'à la Côte Pavée, cette décision n'est pas équitable pour tous.
A la suppression de la gratuité de la cantine pour 30 % des familles s'ajoute la hausse de tous les tarifs du service public local pour un gain espéré de 2 M€ alors qu'on prévoit dans le même mouvement une baisse conséquente de 1 M€ du produit des horodateurs. On ne lésine pas sur l'installation de caméras, sur l'équipement de la police municipale, sur la communication dispendieuse autour du prix Nobel toulousain qui n'avait rien demandé ou pour un marché public dit "d'accompagnement stratégique de l'opinion" rendu nécessaire pour accompagner celle-ci à Canossa. Ces simples exemples transpirent des choix politiques. La remise en cause d'un accès gratuit à un repas équilibré pour des enfants de familles au revenu inférieur à 950 euros par mois n'était pas indispensable.
Honteusement justifiée par le mensonge de 9000 repas jetés par jour, cette mesure nous rappelle à bon escient qu'une décision budgétaire est d'abord une décision politique dont la motivation éclaire sur la conception même du bien public. L'usage d'un tel argument démontre d'ailleurs la motivation symbolique plus que financière de cette opération.
Culpabiliser la misère, source de toutes de toutes les prétendues gabegies, a toujours été le fait des puissants entendant responsabiliser les autres pour mieux se sauver eux-mêmes et matérialiser ainsi la distance qui les protège.
Considérer que la valeur que l'on accorde aux choses se résume à un prix, au prétexte que rien n'est gratuit, conduit immanquablement à fragiliser les valeurs de la démocratie et du service public.
Il ne faudra pas s'étonner de la pénétration mercantile de l'esprit public qui, connaissant le prix de tout et la valeur de rien, fonde peu à peu une société de marché ou même la politique n'a pas plus de valeur que celle d'un étal.
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