La proposition du Parti Socialiste d'organiser un référendum pour l'unité semble chagriner certains au point de la qualifier, comme Mediapart, de "cynisme malhabile et dépolitisé".
Les mêmes, n'en doutons pas, se réveilleront peut-être dès lors qu'il s'agira d'éviter la victoire du Front National comme ils le firent après le 21 avril 2002, narines pincées en votant Chirac. Hollande n'était pourtant pas Président, Macron n'était pas ministre.
Ils me répèteront bien sûr que tout cela fut déjà le résultat d'une démission-trahison de la gauche. Cette même gauche que d'aucuns considéraient pourtant la plus à gauche de toute l'Europe, qui créa un million d'emplois, les 35 h, la CMU etc... Comment croire la sincérité d'un telle explication ?
La fragmentation, certains autres me diront, dans un entre-deux frisant le quant à soi, qu'il faut l'analyser et la comprendre. Sauf que désormais, comprendre, c'est banaliser ; alors que bien des arguments ne semblent être que des calculs pour d'autres desseins, des prétextes d'appareil, des réflexes inconséquents.
Aujourd'hui, il s'agit d'élections régionales. Après avoir géré ensemble durant six ans et voté ensemble 95 % des décisions prises, comment justifier la division de la gauche si ce n'est par la quête d'une délimitation politique à construire en son sein. Qui dit délimitation, dit limitation. Le danger de la dispersion est bien celle de l'élimination de chacun. Ici même à Toulouse, l'expérience des municipales le démontre. Comment ne pas constater qu'après la division lors de l'élection surgit nécessairement l'unité dans la résistance ? La gauche française serait-elle la plus bête du monde ?
Le peuple de gauche, que beaucoup prétendent aujourd'hui incarner à eux seuls, est majoritairement favorable à l'union. Alors qu'on invite les socialistes à entendre les messages du peuple, alors entendons aussi celui-là. Il est d'une urgence absolue alors que la famille Le Pen menace d'achever son parcours de respectabilité à la tête de régions et constitue désormais le cœur de la matrice idéologique du bloc conservateur.
Oui, depuis plus de 50 ans, notre pays n'a jamais traversé de radicalisations à droite aussi intense et de doute aussi profond sur les valeurs fondatrices de son identité. Et c'est justement ce moment historique que choisirait la gauche pour affaiblir davantage la France et la République ? Il n'y a aucune excuse pour la stratégie de la terre brulée dont la seule fécondité serait celle d'interdire un avenir démocratique au Nord-pas de Calais ou en PACA.
Le propre de la gauche est de ne jamais être d'accord sur tout. Mais la force de la gauche a toujours été d'être d'accord sur l'essentiel.
Or, l'essentiel est là, aux portes du pouvoir, sur les lèvres de toutes les droites, installé dans les derniers salons où l'on cause. Le ventre n'a été jamais été aussi fécond... "habilement cynique et dépolitisé".
Malade, menacée par le nationalisme et par certaines élites capables de renoncer à des libertés pour conserver leur aura ou leur pouvoir au nom du peuple lui-même, la société républicaine a connu cela à d'autres périodes de son histoire (*). A ces moments là, elle a toujours choisi l'impératif moral auquel semblent se dérober aujourd'hui beaucoup de sincères démocrates du monde des idées. Heureusement que Jaurès, dans ces rendez-vous là, n'avait pas "tortillé du postérieur".
(*) "Jean Jaurès", Gilles Candar et Vincent Duclert, fayard, 2014
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