Le dernier conseil municipal de Toulouse est intervenu en pleine période de communication du maire d'une ampleur sans précédent.
Fortement axée sur le bilan de son prédécesseur, la campagne actuelle du Maire de Toulouse aurait-elle si peu confiance dans sa propre politique à vouloir ainsi rejouer systématiquement le dernier match électoral ? En donnant le sentiment de ce remake qui instille subrepticement celui de son dénouement final, Jean-Luc Moudenc provoque ainsi la corde sensible de son opposition qui crie aux mensonges ! En l'obligeant à exprimer ainsi sa légitime défense, il l'installe de fait sur la défensive. Le monde à l'envers !
Tout cela est bien classique. Renverser la charge de la preuve et attaquer avant d'être soi même soumis à l'examen de sa propre action. Évidemment, tout cela ne peut fonctionner que si l'opposition tombe dans le panneau. Je ne suis pas certain qu'elle résiste à la tentation sauf à prendre désormais des mesures de réorganisation.
2020 ne sera pas un remake de 2014.
Cette stratégie limpide visant à consigner l'opposition dans la défense conservatrice de son action passée ne doit pas être alimentée. Il ne s'agit pas pour elle d'édulcorer ou d'avoir honte de ce qu'elle réalisa. Bien au contraire. 80 % de ce qui est inauguré par Jean-Luc Moudenc fut porté sur ses fonds baptismaux par les prédécesseurs. De même que bien des réalisations mises en service aujourd'hui ont été rendues possibles par la gestion d'hier.
Cette "gestation pour autrui" est justement une paternité que tente de faire oublier le maire actuel. De ce point de vue, lui qui siège depuis 32 ans à la mairie de Toulouse dont 26 dans la majorité, la pluriannualité de son bilan devrait le calmer. Elle donne une indication sur l'ampleur du passif et de des retards toulousains.
Mais pour la gauche, rétablir les faits, tels des greffiers du nécessaire, ne suffit pas à construire une utilité pour demain. Il lui revient d'élaborer une stratégie et un discours intelligible et positif.
En cette période de refondations tous azimuts, le temps présent doit aussi être celui d'une refondation de l'opposition...municipale. Les signaux doivent être clairs, le discours de la responsabilité assumé et les incarnations collectivement décidées. Sortir de l'état végétatif pour passer à un stade productif nécessite l'émergence d'un contexte qui donne envie d'avoir envie. Il ne peut être celui du dégagisme pour seule boussole. Il ne peut être non plus celui du statu quo.
Ainsi donc, le rassemblement de l'opposition ne pourra se faire en s'arcboutant sur les acquis de son passé glorieux ou en "syndicalisant" sa rhétorique au risque de se fossiliser dans le corner de l’histoire.
Au cœur de l'opposition, la responsabilité pour ouvrir le chemin incombe aux socialistes. A condition qu'il soit celui de l'ouverture, de la crédibilité autant que celui de l'imagination. Il leur revient de prendre en main le destin des progressistes et d'un nouveau "socialisme municipal".
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