Intervention au Conseil de Métropole à propos de la
soutenabilité financière de la politique transport
En mars puis en septembre 2017, nous avons eu droit à des « exercices
de prospective » financière du Plan de Déplacement Urbain et de la
troisième ligne de métro. Notre inquiétude était déjà là.
En septembre 2018, nous avons droit désormais à une « étude
de soutenabilité » confectionnée avec l’appui de vos consultants.
En septembre 2019, peut-être aurons-nous enfin «
l’arbitrage de la faisabilité » !
A quelle hauteur d’engagement de dépenses et d’irréversibilité
sommes-nous aujourd’hui sur la TAE ? je me pose la question.
Nous avons une programmation des investissements sur la
métropole qui dérape.
Nous avons un coût de la 3ème ligne de métro qui s’accroit.
Nous avons une contrainte sur nos dépenses de fonctionnement
qui se resserre, ce dont vous vous félicitez après avoir signé cet engagement
avec l’Etat.
Bref, c’est aujourd’hui l’ensemble de l’équilibre de nos
politiques qu’il faut revisiter.
C’est alors que vous sortez les crayons de couleur, que vous
scénarisez de beaux tableaux excel chiffrés, que vous redistribuez les
variables pour qu’au final, telle une chatte tombant d’un toit brûlant, vous
puissiez retomber sur vos pieds et rassurer le bon peuple.
J’ai donc fait l’exercice de comparaison entre toutes ces
études. Et bien vous proposez aujourd’hui d’étudier la soutenabilité de votre
plan de financement en faisant comme si… et advienne que pourra…
On va faire comme si les recettes commerciales de Tisseo
passaient de 17 à 25 % des produits de gestion, c’est-à-dire qu’on ajoute une
pincée de 15 M€ de plus par rapport à la recette initiale prévue dans la
précédente prospective. (193 M€ contre 178 M€).
C’est une première historique : la couverture des coûts
d’exploitation serait de 50 % contre 34 % aujourd’hui. Sans augmenter les tarifs, qui peut le croire ?
On va faire comme si les charges d’exploitation du
réseau n’étaient plus envisagées à 395 M€ mais à 385 M€ en
2030, c’est-à-dire qu’on retire une pincée de 10 M€ par rapport à la
prévision initiale. (alors même que le contrat de service public prévoyait de
les encadrer, elles seraient de 276 M€ en 2021 et non de 265 M€ comme prévus). Sans toucher à la qualité de desserte ou au mode gestion public, qui peut croire à une telle maitrise des charges ?
On va faire comme si le Versement Transport allait
miraculeusement connaitre un quasi doublement de son produit à la fin de la
période, c’est-à-dire qu’on rajoute une grosse louche de 48 M€ de ressources
supplémentaires par rapport aux précédentes projections. Pour la première fois dans l’histoire, sa progression serait
plus dynamique que celle des subventions d’exploitation.
On va faire comme si le déficit d’exploitation
initialement projeté à 216 M€, et qui était donc trop salé en Septembre dernier,
allait être ramené à 192 M€. Sans toucher au développement de l'offre kilométrique de tous les autres modes (Bus...), qui peut croire à une amélioration de 24 M€ de ce
ratio ?
Comme malgré tous ces ingrédients, l’épargne nette du
syndicat risque de frôler le zéro, on invente un nouveau concept. Il y avait
celui de l’épargne nette. On a désormais celui de la « super épargne
nette » que l’on atteint grâce à 678 M€ de subventions, comme si les tiers
financeurs devenaient en quelque sorte les contributeurs d’épargne.
Et enfin, on va faire comme si la contribution de la
collectivité passait de 24 à 16 % des produits, passant de 180 à 122 M€, c’est à dire qu’on
retire une belle poignée de millions d’euros de l'effort prévu par Toulouse Métropole pour répondre au contrat signé avec l'Etat. Abracadabra !!
Telle est la variable autour de laquelle il fallait
ajuster toutes les autres. L’enjeu est de rentrer dans les nouveaux clous de la maitrise des dépenses sur laquelle vous vous êtes engagé avec le premier
ministre. A vrai dire, plus vous tentez de nous rassurer, plus notre inquiétude s'accroit.