Trop
souvent lié à une perception erronée de l'enjeu ou à sa secondarisation par les
formations politiques elles-mêmes, le scrutin européen fait office de sondage
national, de photographie de l'instant, de réponses à des questions non posées,
d'amalgame référendaire. Après cette dernière consultation, la gauche arithmétique est majoritaire. Mais la gauche n'est pas qu'une équation. Et une mise en équation n'est pas une mise en perspective.
Nous avons connu l'union de la gauche. Nous avons connu la gauche plurielle. Puis nous sommes passés par la gauche des singularités pour finir par la gauche parcellaire. Telle un PLU à partir duquel il s'agirait de faire valoir, pour les uns et les autres, un droit à construire sur son résultat dans le méandre des parcelles respectives. "Cada loco con su tema", diraient mes aïeux.
Sortir de ces méandres pour retrouver l'estuaire de la raison, tel est le message si souvent entendu à la sortie des bureaux de vote ce dimanche 26 mai.
La gauche va-t-elle poursuivre son théâtre d'ombres et continuer la gestion paresseuse d'une simple cohabitation de ses forces ? Un saut qualitatif est indispensable. Une rupture radicale est devenue nécessaire. Ce n'est plus la seule alliance des énergies qu'il faut rechercher mais la fusion des forces et des imaginations.
J'en appelle à un véritable processus de refondation, une véritable démarche de réunification, à l'avènement d'une nouvelle formation politique.
Le congrès de Tours est bien loin. Lénine n'est plus parmi nous pour fixer ses 21 conditions. L'histoire s'est chargée de régler le sujet. Qu'attend-t-on pour clore le chapitre ? L'occasion est là. En 2020. Un beau centenaire.
Le congrès d'Epinay est plus proche. Il fut celui de la SFIO finissante et du foisonnement. Il fut celui d'une fusion vers un nouveau parti reconstruisant l'espoir. Il fut celui d'une infusion d'idées, de questions émergentes, et de forces nouvelles. Qu'attend-t-on pour renouer avec cet esprit là, faute de renouer avec cette forme là ?
La question sociale est déterminante dans la transformation écologique. Les écologistes semblent l'avoir compris.
L'avenir de la planète, qui est celui de l'humanité, est indissociable du combat pour le progrès social. Les socialistes et les communistes semblent bien l'avoir intégré.
Faut-il vraiment maintenir la dispersion dès lors qu'il s'agit de s'attaquer à la fusion des logiciels ? Ce qui distingue le progressisme des formations de gauche d'aujourd'hui est-il plus important, pratiquement et idéologiquement, que ce qui illustrait jadis la rivalité des organisations du mouvement ouvrier ?
Il est temps de constituer une nouvelle force propulsive.
Bien des raisons pousseraient à inventorier les raisons de la dispersion et du quant à soi. Personne ne manquerait d'arguments pour justifier l'impossibilité du rêve et le caractère insurmontable des bilans respectifs. Et si nous faisions table rase ? Non pas une table rase d'identités forgées dans l'histoire mais un renversement de perspective. Identifier le commun, c'est à dire inventer la "gauche en commun". Ce commun pour promouvoir les biens communs est plus important que ce qui nous divise face à la peste qui menace et prospère sur nos propres hésitations.
Tordre le cou au spectacle offert aujourd'hui par la personnalisation de la Veme République, et qui abouti notamment à cette polarisation mortifère de légitimités charismatiques à tendance techno-bonapartiste ou poujado-populiste est d'une urgence absolue. Cette nouvelle hégémonie est une impasse, un danger, un piège pour la démocratie. Quelle meilleure preuve que l'affiche LREM avec Macron lui-même venant conforter l'impression d'un scrutin référendaire. Mélenchon le voulait. Il l'a eu. Les médias raffolent de ces schémas. Le populisme est un bonapartisme. Et vice versa. Ils sont le piège de la gauche démocratique.
D'où le tropisme vers les mécanismes de légitimation, devenus singuliers à tous les échelons tels des stigmates infiltrés, qui réclament des candidats tant d'équation personnelle, de construire le "story telling" d'une rénovation en marche où le fait de s'aimer suffit à rendre légitime l'ambition personnelle, où l'éloquence se fait grandiloquence alors que guette la déliquescence.
Oui. Casser cette bipolarisation qui annihile tout espoir de débouché progressiste au mouvement social suppose de construire un nouvel outil, une nouvelle synthèse historique et de nouvelles pratiques politiques.
Oui. C'est cette révolution là qui serait la plus utile. Inventer le nouveau sigle et le nouvel outil d'une synthèse organique fédérant les particules tout en garantissant les particularités. C'est l'esprit de ce qui fut engagé entre 1969 et 1974 avec la naissance du PS. Bien sûr, cette fois, il ne s'agit pas de refaire la même chose. C'est la démarche qui importe. En quoi les idéologies du moment seraient-elles la marque d'une spécificité plus grande qu'à l'époque ? Sommes-nous prêts au véritable dépassement de ce qui fut. La crédibilité de notre volonté de transformation sociale dépend désormais de notre propre mutation.
Nous avons connu l'union de la gauche. Nous avons connu la gauche plurielle. Puis nous sommes passés par la gauche des singularités pour finir par la gauche parcellaire. Telle un PLU à partir duquel il s'agirait de faire valoir, pour les uns et les autres, un droit à construire sur son résultat dans le méandre des parcelles respectives. "Cada loco con su tema", diraient mes aïeux.
Sortir de ces méandres pour retrouver l'estuaire de la raison, tel est le message si souvent entendu à la sortie des bureaux de vote ce dimanche 26 mai.
La gauche va-t-elle poursuivre son théâtre d'ombres et continuer la gestion paresseuse d'une simple cohabitation de ses forces ? Un saut qualitatif est indispensable. Une rupture radicale est devenue nécessaire. Ce n'est plus la seule alliance des énergies qu'il faut rechercher mais la fusion des forces et des imaginations.
J'en appelle à un véritable processus de refondation, une véritable démarche de réunification, à l'avènement d'une nouvelle formation politique.
Le congrès de Tours est bien loin. Lénine n'est plus parmi nous pour fixer ses 21 conditions. L'histoire s'est chargée de régler le sujet. Qu'attend-t-on pour clore le chapitre ? L'occasion est là. En 2020. Un beau centenaire.
Le congrès d'Epinay est plus proche. Il fut celui de la SFIO finissante et du foisonnement. Il fut celui d'une fusion vers un nouveau parti reconstruisant l'espoir. Il fut celui d'une infusion d'idées, de questions émergentes, et de forces nouvelles. Qu'attend-t-on pour renouer avec cet esprit là, faute de renouer avec cette forme là ?
La question sociale est déterminante dans la transformation écologique. Les écologistes semblent l'avoir compris.
L'avenir de la planète, qui est celui de l'humanité, est indissociable du combat pour le progrès social. Les socialistes et les communistes semblent bien l'avoir intégré.
Faut-il vraiment maintenir la dispersion dès lors qu'il s'agit de s'attaquer à la fusion des logiciels ? Ce qui distingue le progressisme des formations de gauche d'aujourd'hui est-il plus important, pratiquement et idéologiquement, que ce qui illustrait jadis la rivalité des organisations du mouvement ouvrier ?
Il est temps de constituer une nouvelle force propulsive.
Bien des raisons pousseraient à inventorier les raisons de la dispersion et du quant à soi. Personne ne manquerait d'arguments pour justifier l'impossibilité du rêve et le caractère insurmontable des bilans respectifs. Et si nous faisions table rase ? Non pas une table rase d'identités forgées dans l'histoire mais un renversement de perspective. Identifier le commun, c'est à dire inventer la "gauche en commun". Ce commun pour promouvoir les biens communs est plus important que ce qui nous divise face à la peste qui menace et prospère sur nos propres hésitations.
Tordre le cou au spectacle offert aujourd'hui par la personnalisation de la Veme République, et qui abouti notamment à cette polarisation mortifère de légitimités charismatiques à tendance techno-bonapartiste ou poujado-populiste est d'une urgence absolue. Cette nouvelle hégémonie est une impasse, un danger, un piège pour la démocratie. Quelle meilleure preuve que l'affiche LREM avec Macron lui-même venant conforter l'impression d'un scrutin référendaire. Mélenchon le voulait. Il l'a eu. Les médias raffolent de ces schémas. Le populisme est un bonapartisme. Et vice versa. Ils sont le piège de la gauche démocratique.
D'où le tropisme vers les mécanismes de légitimation, devenus singuliers à tous les échelons tels des stigmates infiltrés, qui réclament des candidats tant d'équation personnelle, de construire le "story telling" d'une rénovation en marche où le fait de s'aimer suffit à rendre légitime l'ambition personnelle, où l'éloquence se fait grandiloquence alors que guette la déliquescence.
Oui. Casser cette bipolarisation qui annihile tout espoir de débouché progressiste au mouvement social suppose de construire un nouvel outil, une nouvelle synthèse historique et de nouvelles pratiques politiques.
Oui. C'est cette révolution là qui serait la plus utile. Inventer le nouveau sigle et le nouvel outil d'une synthèse organique fédérant les particules tout en garantissant les particularités. C'est l'esprit de ce qui fut engagé entre 1969 et 1974 avec la naissance du PS. Bien sûr, cette fois, il ne s'agit pas de refaire la même chose. C'est la démarche qui importe. En quoi les idéologies du moment seraient-elles la marque d'une spécificité plus grande qu'à l'époque ? Sommes-nous prêts au véritable dépassement de ce qui fut. La crédibilité de notre volonté de transformation sociale dépend désormais de notre propre mutation.
Il n'y a pas de meilleur terrain d'expérimentation pour ce faire que le territoire du monde vécu. Contrairement à ce qui est prétendu, la mère des batailles n'est pas la présidentielle. Ce sont en fait les élections municipales. Celles qui permettent la construction enracinée et identifiée d'une formation politique. C'est 1977 qui a permis 1981.
Qu'on ne s'y trompe pas. Ce sont ces briques élémentaires, scellées dans le rassemblement de la gauche, qui ont permis depuis 1981 toutes les victoires utiles de la suite et à ce "socialisme municipal" d'inspirer bien des gestions locales y compris à droite. Le laboratoire historique de la social-démocratie à la française, de l'exigence environnementale concrétisée, de l'unité de la gauche, c'est celui là. Un progressisme local opérationnel, durable, trempé dans le ciment de l'union et dans la proximité de concitoyens devenus invisibles pour ceux qui ne les écoutent pas.
Ce regard vers le passé n'est pas celui de la nostalgie. 40 ans sont passés, c'est vrai. Mais
la Vème république est toujours là et les institutions du bloc communal aussi.
Le mode de scrutin n'a pas vraiment changé et la décentralisation viendrait
plutôt manifester la modernité de l'enjeu. C'est cet enjeu territorial qui
engage aujourd'hui le pronostic vital de la gauche. La façon de l'aborder, pour les uns et pour les autres, sera donc
déterminante.
C'est pourquoi, d'ores et déjà, à l'échelle locale, il s'agit de poser le premier jalon. Je suis de ceux qui pensent que le chemin de l'abnégation, parce qu'il était la marque d'une sincérité de la démarche, a été posé par le Parti Socialiste à travers le choix de Raphaël Glucksman. Ce premier dépassement en appelle désormais d'autres plus forts encore de la part de chacun.
Organisons partout, dans nos villes et nos campagnes, "des assises de la gauche territoriale et citoyenne". Comment refuser une telle perspective si la confiance est là quand on a fait 13.5 %, si la désorientation est manifeste quand on a fait 3.3 %, si la consolation est de mise quand on atteint 6.3 % ? J'en appelle au courage de répondre à nos propres électeurs...
C'est pourquoi, d'ores et déjà, à l'échelle locale, il s'agit de poser le premier jalon. Je suis de ceux qui pensent que le chemin de l'abnégation, parce qu'il était la marque d'une sincérité de la démarche, a été posé par le Parti Socialiste à travers le choix de Raphaël Glucksman. Ce premier dépassement en appelle désormais d'autres plus forts encore de la part de chacun.
Organisons partout, dans nos villes et nos campagnes, "des assises de la gauche territoriale et citoyenne". Comment refuser une telle perspective si la confiance est là quand on a fait 13.5 %, si la désorientation est manifeste quand on a fait 3.3 %, si la consolation est de mise quand on atteint 6.3 % ? J'en appelle au courage de répondre à nos propres électeurs...